UN REVE
J’ai fait un rêve étrange, un rêve perturbant | ||||
Un homme sans visage avançait lentement | ||||
Il s’approchait de moi glacée, terrorisée | ||||
J’aurais voulu m’enfuir, j’étais paralysée | ||||
Personne à l’horizon, la ruelle était sombre | ||||
Sur les murs embués se dessinait son ombre | ||||
Projetée, onduleuse par des lanternes antiques | ||||
Aux lumières vacillantes, pâles et anémiques | ||||
Quant il saisit mon bras j’ai cru m’évanouir | ||||
J’ai compris qu’il fallait que je m’attende au pire | ||||
Aucun son ne pouvait plus sortir de ma bouche | ||||
Comment le supplier pour ne pas qu’il me touche | ||||
En un éclair de temps il me cloua au sol | ||||
Son haleine empestait le tabac et l’alcool | ||||
J’étais à sa merci, il était si robuste | ||||
Il arracha ma chemise, me dénuda le buste | ||||
Se mit à malaxer mes seins tout engourdis | ||||
Puis à les dévorer avec stratégie | ||||
Je sentais malgré moi monter un vif désir | ||||
Et feins de me débattre en me sentant rougir | ||||
Il était si adroit, il s’y prenait si bien | ||||
Mon corps se réchauffait sous l’emprise de ses mains | ||||
J’étais électrisée, déroutée, stupéfaite | ||||
Et n’avais plus du tout envie de disparaître | ||||
Il n’a pas insisté pour que j’enlève le bas | ||||
J’avais hâte de le voir s’animer sur l’endroit | ||||
C’était un magicien, je fus émerveillée | ||||
De ses doigts, de sa bouche, j’en étais liquéfiée | ||||
Je voulais qu’il me prenne mais il m’a plantée là | ||||
Sur les pavés mouillés, pantelante, hors de moi | ||||
J’ai hurlé après lui, suppliant : « juste une fois ! » | ||||
Mais il s’est éclipsé sans un regard vers moi |